Qu’est-ce que le bien-être animal?
X.Manteca, E.Mainau, D.Temple
Le concept de bien-être animal inclut trois éléments : le fonctionnement adéquat de l’organisme (ce qui suppose, entre autres, que les animaux soient sains et bien alimentés), un état émotionnel idoine de l’animal (en particulier l’absence d’émotions négatives comme la douleur ou la peur chronique) et la possibilité d’exprimer certains comportements normaux propres à l’espèce (Fraser et al., 1997). Il est important de tenir compte du fait que tous les comportements n’ont pas la même importance du point de vue du bien-être animal. D’un point de vue pratique, le signe le plus clair de l’importance intrinsèque d’un comportement se trouve dans les manifestations de comportements anormaux ou de stress induits par l’impossibilité qu’a l’animal d’exprimer le comportement en question. Le comportement de nidification de la truie avant la mise bas ou le comportement d'exploration des porcs sont des exemples de ces comportements importants. Ces trois principes ne sont pas nécessairement contradictoires, ils sont bien plutôt souvent complémentaires (Mendl, 2001).
Le bien-être animal suppose une approche multidimensionnelle
Les trois principes commentés plus haut sont repris dans différentes définitions « officielles » du bien-être animal. Ainsi, par exemple, l’Organisation Mondiale de la Santé Animale considère qu’un animal se trouve dans un état satisfaisant de bien-être quand il est sain et bien nourri, qu’il vit confortablement, qu’il peut exprimer son comportement inné, et qu’il ne souffre d’aucune douleur, peur ou "distress" (WOAH, 2008).
Les Cinq Libertés
Conformément au principe des cinq libertés, le bien-être animal est garanti quand sont réalisées les cinq conditions suivantes (FAWC, 1992; 1993) :
- L’animal ne souffre ni de soif, ni de faim, ni de malnutrition ; il a accès à de l’eau potable et a un régime alimentaire en accord avec ses besoins.
- L'animal ne souffre d’aucun stress physique ou thermique ; il jouit d’un environnement adapté. Il a accès à une zone de repos confortable et dispose d’un refuge en cas d’intempéries.
- L’animal ne souffre d’aucune douleur, lésion ou maladie, et ce grâce à une prévention adéquate et/ou un diagnostic et des soins rapides.
- L’animal est capable de réaliser la plupart de ses patrons normaux de comportements, car il dispose de l’espace nécessaire ainsi que d’installations adéquates, et qu’il vit avec d’autres individus de son espèce.
- L’animal ne connaît ni peur ni « distress », les conditions nécessaires pour éviter la souffrance mentale étant garanties.
Le principe des cinq libertés est une approximation pratique très utile pour l’étude du bien-être animal, spécialement si on veut en évaluer les applications pour l’élevage, le transport et la mise à mort des animaux de ferme. Ce principe est d’autant plus utile qu’il est à la base de la plupart des lois sur le bien-être animal au sein de l’Union Européenne comme ailleurs dans le monde. Toutefois, en dépit de son incontestable utilité, le principe des cinq libertés présente deux problèmes. Tout d’abord, il s’avère être souvent bien trop générique. Ensuite, certaines des cinq libertés se superposent entre elles. En réponse à ces deux problèmes, des approximations légèrement différentes - quoique basées sur les mêmes concepts - ont été proposées. On retiendra en particulier la proposition d’évaluation du bien-être animal du projet Welfare Quality®. Initié en mai 2004 et d’une durée de 5 ans, le projet Welfare Quality® est un projet de recherche de l’Union Européenne qui fit participer plus de 40 institutions scientifiques de quinze pays différents. Un des objectifs du projet était de mettre au point un système d’évaluation du bien-être animal qui soit accepté par l’Union Européenne. Il faut bien remarquer que les protocoles Welfare Quality® incluent majoritairement des mesures basées directement sur les animaux, à la différence des autres protocoles qui incluent plutôt des mesures se basant presque exclusivement sur les ressources.
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Loger les porcs sur un lit de paille leur permet d’exprimer leur comportement naturel de recherche d’aliment |
Évaluation globale du bien-être animal
Conformément aux protocoles Welfare Quality®, l’évaluation du bien-être animal doit prendre en compte quatre aspects :
- Les animaux sont-ils correctement alimentés ?
- Les animaux sont-ils adéquatement installés ?
- L’état sanitaire des animaux est-il correct ?
- Le comportement des animaux reflète-t-il un état émotionnel adéquat ?
Ce dernier aspect est peut être le plus novateur et le plus controversé. Il fait simplement référence au fait que les animaux ne devraient pas connaître la peur, la douleur, la frustration ou n’importe quel autre état émotionnel négatif, au moins de façon chronique ou intense.
Principes et critères dans les protocoles Welfare Quality®
Ces quatre questions constituent le point de départ d’un ensemble de 12 critères sur lesquels devrait se baser n’importe quel système d’évaluation du bien-être. Ces critères, ordonnés selon les quatre questions antérieures, sont les suivants :
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Les indicateurs qui se basent sur l’animal nous permettent d’évaluer le bien-être aussi bien dans les systèmes intensifs que dans les systèmes extensifs |
Alimentation
- Absence de faim prolongée.
- Absence de soif prolongée.
Logement
- Confort autour du repos.
- Confort thermique.
- Facilité de mouvement.
Etat sanitaire
- Absence de lésions.
- Absence de maladies.
- Absence de douleur causées par les pratiques d'élevage comme l’amputation de la queue, l’écornage, etc.
Comportement
- Expression d’un comportement social adéquat, avec un équilibre entre les aspects négatifs ( l’agressivité, par exemple ) et positifs.
- Expression des autres comportements importants, de manière à ce qu’il y ait un bon équilibre entre les aspects négatifs ( stéréotypies, par exemple ) et les aspects positifs.
- Interaction correcte entre les animaux et ceux qui s’en occupent, ne générant aucune peur à l’égard de ces derniers.
- État émotionnel positif.
"Le concept de bien-être se réfère à l’état d’un individu en relation avec son environnement, et peut être mesuré " (Donald Broom, scientifique en bien être animal)
Résumé
En résumé, il faudra tenir compte les idées suivantes :
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Referencias
- Botreau R, Veissier I, Butterworth A, Bracke M B M and Keeling L J 2007 Definition of criteria for overall assessment of animal welfare Animal Welfare 16: 225-228
- Farm Animal Welfare Council 1992 FAWC updates the five freedoms Veterinary Record 17: 357.
- Farm Animal Welfare Council 1993 Second Report on Priorities for Research and Development in Farm Animal Welfare. Londres: DEFRA.
- Fraser D, Weary D M, Pajor E A and Milligan B N 1997 A scientific conception of animal welfare that reflects ethical concerns Animal Welfare 6: 187-205.
- Mendl M 2001 Animal husbandry: Assessing the welfare state Nature 410: 31-32
- World Organization of Animal Health 2008 Introduction to the recommendations for animal welfare, Article 7.1.1. Pages 235-236 in Terrestrial Animal Health Code 2008. World Organization for Animal Health (OIE), Paris, Francia.